Dans le cadre du Schéma Directeur d’Entretien (SDE) réalisé en 2007, le Syndicat Mixte d’Entretien et d’Aménagement de la Garonne (SMEAG) a identifié 4 bras morts sur la Garonne dans le département de la Gironde. Le SMEAG a intégré ces milieux humides au Document d’Objectifs (DOCOB) du site Natura 2000 « Garonne ». La Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de la Gironde via sa Mission Départementale « Zones humides », s’est proposée en 2018 pour porter la mise en place d’un contrat Natura 2000 « réhabilitation d’une annexe hydraulique » sur une zone en bordure de Garonne située sur la commune de Saint-Macaire. La Fédération a réalisé en novembre un état initial du peuplement piscicole.
Vous avez dit bras mort… ?
Les bras morts sont d’anciens chenaux secondaires du cours d’eau principal. Ils peuvent être des milieux d’eau temporairement courante (lors des crues), stagnante ou être totalement asséchés l’été en fonction de leur ancienneté. En réalité, le bras mort de Saint-Macaire est un ancien site d’extraction de granulats dans la Garonne. Suite à la fin de l’exploitation du site, les sédiments du fleuve se sont accumulés dans la zone humide et la végétation aquatique et rivulaire a repris ses droits. On parlera donc plutôt d’annexe hydraulique de la Garonne.
Ce type de zone humide a un intérêt tout particulier pour la faune piscicole. En effet, l’absence d’eau en permanence durant l’étiage facilite le développement de la végétation amphibie. Ainsi, en période de hautes eaux, ce type d’annexes sont notamment favorables aux poissons qui viennent s’y abriter ou se reproduire.


Localisation de la zone humide
Quel projet de réhabilitation est envisagé ?
Le site de Saint-Macaire est un milieu fermé par la végétation (évolution temporelle naturelle des annexes hydrauliques). L’objectif du projet est d’ouvrir ce milieu, afin de favoriser la biodiversité faunistique et floristique. Le site se situe dans l’enclave du site Natura 2000 « Garonne » dans lequel ont été identifiés plusieurs habitats d’intérêt ou espèces patrimoniales.

Bras mort de Saint-Macaire
Concrètement, il est envisagé :
- Des coupes sélectives d’arbres au niveau de la ripisylve pour favoriser l’implantation d’essences différentes.
- D’éliminer les espèces invasives comme l’érable négundo qui a colonisé les berges de l’annexe.
- De protéger l’annexe du courant de la Garonne en fixant par plantation le banc vaseux qui forme son entrée.
- D’enlever les bois morts et encombres qui posent problème.
Le projet de travaux sera déposé en avril 2019 à la Direction Départementale des Territoires du Lot-et-Garonne qui suit ce dossier. S’il est validé, le contrat Natura 2000 sera mis en place et les travaux devront être réalisés dans les 5 ans à venir.
Un état des lieux avant travaux !
Afin de valider ou de réorienter les choix des travaux envisagés par la Fédération, de dresser un état initial du site et de préconiser des mesures de gestion, un diagnostic exhaustif des habitats et des espèces a été mené par le bureau d’étude Rivière Environnement en août dernier. Ce travail va permettre de lister et de localiser les espèces animales et végétales présentes, dont les espèces exotiques envahissantes, et de réaliser une cartographie des habitats. Les résultats seront connus à la fin de l’année.
Et les poissons dans tout ça ?
Début novembre, une pêche électrique a été réalisée par la Fédération sur le site, dans le but d’identifier les espèces piscicoles susceptibles d’utiliser cette zone humide.

Pêche électrique
Six espèces ont été capturées : l’ablette, le chevesne, la brème bordelière, le pseudorasbora, l’épinoche et la bouvière.

Bouvière

Epinoche
En attendant une analyse plus poussée des résultats, nous observons que la majorité des individus capturés étaient des juvéniles, utilisant la végétation amphibie bien développée dans la zone comme nurserie. Aucune observation de moules d’eau douce sur la zone ne permet de dire si la bouvière se reproduit sur le site.
A noter qu’aucune anguille n’a été observée malgré un milieu favorable. Une plus faible efficacité de la pêche électrique sur cette espèce peut être en cause. D’autre part l’envahissement de la zone en eau par la jussie, peut limiter l’attrait pour les individus de grande taille non observés lors de l’inventaire. Néanmoins, il semble très probable que les gros individus utilisent la zone temporairement et plus tardivement dans la saison pour se réfugier en cas de crue de la Garonne.