mardi 26 septembre 2023

Point sur la qualité des lacs du Moutchic à Ambès et d’Aillas-Sigalens en 2018

2019 constitue la cinquième année de suivi des plans d’eau de moins de 50 ha. En effet, l’étude de cinq plans d’eau s’est succédée entre 2015 et 2018 ; permettant d’apporter des connaissances essentielles sur leur état écologique mais également d’obtenir des informations nécessaires à la mise en place d’une gestion adaptée. Cet article présente les résultats obtenus en 2018 sur les lacs du Moutchic et d’Aillas-Sigalens.

Cinq plans d’eau répartis sur le territoire girondin

Les plans d’eau suivis sont de différents types (gravière, ancien site d’extraction de lignite ou retenue sur un cours d’eau) et ont été sélectionnés pour leurs enjeux environnementaux et/ou halieutiques.

Le but est d’identifier les facteurs limitants (manque d’oxygène, problème de turbidité, variation de niveau d’eau, absence d’habitats…) pour ensuite mener des actions de gestion efficaces pour préserver ou améliorer l’état des plans d’eau.

Un renouvellement du suivi sur ces plans d’eau est réalisé tous les 3 ans (Cf tableau ci-dessous). En 2019, ce sont les plans d’eau du Petit Bernadas et de Brouqueyran qui seront étudiés.

20152016201720182019
Lac d’Aillas et Sigalensxx
Lac du Petit Bernadasxx
Lac sud du moulin blanc x
Lac du Moutchic (Ambès) x
Lac de Brouqueyran x

Évaluation de l’état du milieu à partir de protocoles standardisés à l’échelle régionale

Tout d’abord, la réalisation d’un profil bathymétrique du plan d’eau à l’aide d’un écho-sondeur est nécessaire pour connaitre notamment la position, la profondeur ou encore le nombre de prélèvements et de mesures à effectuer.

A chaque saison, une campagne d’échantillonnage est mise en place pour suivre l’évolution du milieu à l’échelle annuelle (en prenant en compte la variabilité saisonnière) au niveau :

  • physico-chimique avec mesure des paramètres dans la colonne d’eau (température, pH, oxygène et transparence),
  • chimique avec la réalisation des prélèvements d’eau et de sédiments pour une analyse en laboratoire.
  • biologique avec l’échantillonnage de phytoplancton (base de la chaîne alimentaire, c’est un bon intégrateur de la qualité physico-chimique en milieu aquatique),

Un protocole pour évaluer l’état des berges et de la végétation est également mis en place.

L’ensemble de ces paramètres vont permettre de connaitre objectivement l’état du plan d’eau sur le long terme et de réaliser éventuellement des actions d’amélioration en cas de dysfonctionnement.

Premiers résultats en 2018 sur le lac du Moutchic

CompartimentClasseElément(s) déclassant(s)
Physico-chimie eauMauvaiseAmmonium
Physico-chimie sédimentsMoyenneAmmonium
BiologieBonneChlorophylle a
Hydro morphologieHydromorphologie classique d’une gravière / Connexion avec une zone humide attenante

Le lac du Moutchic est une gravière située dans des zones de marais du bec d’Ambès.

D’un point de vue physico-chimique : ce plan d’eau a été diagnostiqué en mauvais état en raison de la forte concentration en Ammonium mesurée dans l’eau interstitielle des sédiments. Sa présence pénalisante reste difficile à expliquer mais traduit habituellement un processus de dégradation incomplet de la matière organique. Un autre paramètre déclassant est sa chute du niveau d’oxygène au fond du lac lors de la période estivale, pouvant avoir un impact sur la faune piscicole. D’autre part sa faible transparence témoigne d’un niveau trophique élevé (et donc avancé dans l’évolution naturelle d’un plan d’eau pouvant être accéléré par les activités humaines). Une aggravation du phénomène d’eutrophisation peut conduire à une disparition des herbiers aquatiques (liée à prolifération algal qui trouble l’eau) et a une asphyxie du milieu (forte diminution de l’oxygène dissous dans l’eau) ; ce qui commence déjà à être observé sur ce plan d’eau.

Au niveau biologique : le phytoplancton du plan d’eau est en revanche de bonne qualité.

Du point de vue des habitats rivulaires (hydromorphologie) : le plan d’eau présente de belles zones à hélophytes, particulièrement le long de la rive Ouest du plan d’eau. Ces végétaux aquatiques présentent un intérêt pour la reproduction des espèces phytophiles, et leur inondation prolongée constitue une zone de nurserie pour les juvéniles. Par contre, très peu d’hydrophytes ont été relevés. Les berges sont assez peu dégradées (à noter quelques érosions de la berge liées aux usagers du chemin en bordure). Le secteur sud est principalement fréquenté pour la pêche de loisir, et quelques enrochements sont présents sur la rive nord-est du plan d’eau.

Résultats de 2018, et comparaison avec 2015, sur le Lac d’Aillas et Sigalens

CompartimentClasse : Année de suivi NClasse : Année de suivi N+3Elément(s) déclassant(s)
Physico-chimie eauMauvaiseMoyenneAzote en 2015, Phosphore total et Transparence en 2018
Physico-chimie sédimentsMauvaiseBonneAzote total particulaire en 2018 et 2015, Carbone organique en 2018
BiologieBonneTrès bonne/
Hydro morphologieBonne qualité hydromorphologique globale / Enrochement sur la partie Nord du plan d eau et léger compactage sur les rives Nord-Est et Nord-Ouest

Le lac d’Aillas et Sigalens est situé en amont sur le bassin versant de la Bassanne.

D’un point de vue physico-chimique : En 2018, la qualité de l’eau du lac est classée moyenne, les paramètres déclassants étant le phosphore total et la faible transparence (1,2 m). Au niveau sédimentaire, la classe de qualité est jugée bonne, et est déclassé par la concentration en Azote total particulaire et la concentration en Carbone organique. En comparant ces résultats avec ceux de 2015, nous observons une nette amélioration de la qualité de l’eau et du sédiment, qui étaient classées mauvaises. Ce déclassement était principalement dû, pour ces 2 compartiments, à la forte présence d’Azote. La présence d’azote et de phosphore total sur ce plan d’eau est certainement liée à un apport excessif de matière organique d’origine agricole.

D’autre part, comme en 2015 et sur l’ensemble des campagnes (excepté en hiver), un faible niveau d’oxygène est observé au fond du lac pouvant avoir un impact sur la faune piscicole.

Enfin le niveau trophique du lac oscille durant la saison entre un niveau trophique élevé en 2018 (niveau avancé dans l’évolution naturelle d’un plan d’eau pouvant être accéléré par les activités humaines). Ces valeurs sont similaires aux résultats obtenues trois ans auparavant.

Au niveau biologique : l’analyse du phytoplancton montre que le plan d’eau est de très bonne qualité en 2018. Comme pour la qualité de l’eau et du sédiment, ce compartiment semble s’améliorer par rapport à 2015.

Du point de vue des habitats rivulaires (hydromorphologie) :  le plan d’eau affiche de belles zones à hélophytes et hydrophytes, particulièrement le long de la rive Ouest du plan d’eau. Mais ces habitats sont soumis à un marnage important, notamment durant les années sèches où ces zones restent exondées ne remplissant pas leur rôle de zone de nurserie et d’abris pour les poissons. L’état des berges est assez peu dégradé et similaire entre 2015 et 2018, à l’exception de quelques zones fréquentées pour la pêche de loisir et de l’enrochement (sur la digue de retenue du plan d’eau) qui constituent les principales altérations.

Ces données, après validation par l’Agence de l’Eau Adour Garonne, sont communiquées aux communes, AAPPMA ou gestionnaires concernés et permettront dans certains cas d’orienter des mesures de gestion.

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