mardi 19 mars 2024

Truite, vairon, goujon ou autre vandoise qu’en est-il de leur zone de reproduction ?

Dans la nature, il existe deux principaux supports de ponte pour les espèces piscicoles : le substrat végétal et le substrat pierreux. En Gironde de nombreuses espèces se reproduisent sur les galets, gravier et le sable (truite, lamproies, chabot, vandoises, vairon, goujon, … ). Ces zones constituent également des habitats riches et productifs (biogènes) pour le bon accomplissement du cycle de vie de nombreuses espèces aquatiques : poissons et invertébrés notamment. Il est donc essentiel de connaitre et d’évaluer ces secteurs dans les cours d’eau de Gironde afin de mettre en place des mesures nécessaires à la préservation des espèces aquatiques.

Mise en place de l’action

En 2014, la Fédération a lancé un programme permettant l’évaluation de la qualité physique (hydromorphologie) de plusieurs cours d’eau du département en leur associant une note à l’échelle du cours d’eau et du tronçon (quelques kilomètres).

Différents paramètres ont été pris en compte :

  • diamètre du substrat pierreux (granulométrie)
  • le colmatage (pellicule organique ou minéral sur le substrat)
  • les encombres (amas de branches)
  • la diversité des écoulements
  • l’ensoleillement
  • et le nombre d’obstacles présents (continuité écologique).

L’état des berges a également été évalué en prenant pour paramètres :

  • la nature des berges
  • leur hauteur et pente
  • l’état de la ripisylve (arbre en bordure du cours d’eau)
  • et les habitats.

Des inventaires des zones de frayères potentielles ont aussi été réalisés. Ils ont pour but de localiser et d’évaluer l’état des surfaces favorables à la reproduction des espèces aquatiques.

Tous ces paramètres ont été pris en compte afin d’identifier les facteurs limitants et d’évaluer la nécessité de mettre en place par bassin versant des actions de restauration et/ou de préservation des zones d’intérêt pour la faune aquatique. Ces résultats vont servir à compléter les données de l’arrêté préfectoral portant sur les inventaires des zones de frayères, de croissance ou d’alimentation de la faune piscicole et des crustacés, dans le département de la Gironde (arrêté SEN/2013/06/04-62). Ces inventaires permettent d’effectuer un état initial avant des travaux de restauration hydromorphologique mis en place par les gestionnaires de cours d’eau du département de la Gironde.

Des résultats contrastés

Cette action a débuté en 2014 sur le bassin versant du Dropt et de l’Eau Blanche. Elle s’est étendue à d’autres bassins versants du département.

Entre 2014 et 2016, le travail a été réalisé sur les bassins versants de l’Eau Blanche et du Gât Mort (affluent de la Garonne en rive gauche). Nous avons inventorié également la Vignague, le Ségur, l’Andouille et le Dousset (affluent du Dropt). Ces inventaires ont permis de connaitre précisément l’état hydromorphologique de ces cours d’eau. 42 tronçons de cours d’eau ont été analysés et notés mettant en évidence de fortes différences de qualité. Les notes allaient de 7,6/20 (qualité mauvaise) observé sur un affluent de l’Andouille à 18,8 (qualité excellente) observé sur un affluent de l’Eau Blanche. Concernant les zones d’intérêt pour la croissance et la reproduction des espèces aquatiques, c’est 1344 secteurs (d’une longueur de quelques mètres à quelques dizaines de mètres) au total qui ont été retenus comme étant favorable.

L’accessibilité à ces zones a également pu être pris en compte. 533 obstacles ont été localisés et évalués selon leur franchissabilité sur l’ensemble de ces bassins versants. La majorité des obstacles est présente sur le bassin versant du Dropt. La suppression de ces obstacles est l’action de restauration hydromorphologique la plus pertinente à entreprendre pour rétablir l’équilibre de ces cours d’eau.

Depuis 2017, le bassin versant de la Leyre a été choisi car il constitue un territoire préservé susceptible d’abriter ces zones recherchées par les espèces aquatiques d’eau vive. L’inventaire a débuté sur le ruisseau du moulin de Lugos. Les premiers résultats sont encourageants puisque 66 zones d’intérêts ont été recensées réparties sur trois tronçons avec seulement 3 obstacles majeurs observés. En 2018, il a été poursuivi sur la totalité du bassin versant du ruisseau du Dubern avec 239 frayères inventoriées sur 18 km parcourus.

 Perspectives

En 2019, un inventaire sur le Ciron sera réalisé. Il aura pour but de localiser les zones granulométriques favorables et les secteurs peu biogènes à substrat sableux fortement présent sur le bassin versant. Une évaluation hydromorphologique globale à l’échelle du tronçon sera mise en œuvre afin d’évaluer la qualité des habitats et l’identification des facteurs limitants.

Ce travail débutera en priorité dans l’emprise des seuils intégrés dans le programme de restauration de la continuité écologique du Ciron porté par le syndicat. Il s’agit de la partie aval entre la confluence du Ciron avec la Garonne et le moulin de l’Auvergne.

Ce programme continuera en 2020 afin d’inventorier l’ensemble du Ciron entre le moulin de l’Auvergne et la limite départementale.

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