vendredi 9 juin 2023

ÉCREVISSE À PATTES BLANCHES : UNE ESPÈCE PROTÉGÉE EN AQUITAINE

L’écrevisse à pattes blanches bénéficie en Aquitaine d’un Programme Régional de Sauvegarde depuis 2013, porté par la Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de la Gironde à partir de 2018. Différentes actions sont menées chaque année pour préserver l’espèce et améliorer les connaissances sur l’état des populations, leurs habitats… En 2018, les travaux en collaboration avec l’Université de Poitiers ce sont poursuivis sur la peste des écrevisses et l’identification de cours d’eau favorables à l’écrevisse à pattes blanches.

UN NOUVEAU PROGRAMME ÉCREVISSES à PATTES BLANCHES PORTÉ PAR LA FÉDÉRATION DE LA GIRONDE EN AQUITAINE

NOUVEAU PORTEUR

L’écrevisse à pattes blanches, espèce emblématique d’eau douce, est classée comme vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées en France. En Aquitaine, elle bénéficie d’un Programme Régional de Sauvegarde porté par l’Association Régionale des Fédérations de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique d’Aquitaine entre 2013 et 2017.

En 2018, la Fédération de la Gironde a repris seule le portage de ce programme. Au cours de cette année écoulée des actions ont été menées en ex-Aquitaine où il est important de les poursuivre car l’espèce est toujours menacée. Un travail a également été engagé afin d’élaborer un nouveau Plan Régional d’Actions 2020-2024 avec une réflexion sur l’élargissement à la Nouvelle Aquitaine. Cependant jusqu’en 2020, le périmètre d’intervention sera l’ex-Aquitaine.

Écrevisse à pattes blanches

NOUVELLE ORGANISATION

La Fédération de la Gironde assurera l’animation du Plan Régional d’Actions Écrevisses. Le but principal est de mettre à disposition des acteurs régionaux différents outils pour mettre en œuvre des actions en faveur des écrevisses indigènes :

  • La répartition des écrevisses exotiques et indigènes (Base de données, Atlas, Méthodes d’inventaires)
  • Les foyers de peste (Base de données, Méthodes d’échantillonnage de la peste, Prophylaxie)
  • Le suivi des populations d’écrevisses exotiques (Protocole de suivi mis en place sur la Réserve Naturelle Nationale d’Hourtin)
  • La sensibilisation des plus jeunes (Mallette pédagogique avec conte, puzzle, panneaux aimantés)
  • La formation des opérateurs de terrain (sessions de formation théorique et pratique sur la reconnaissance des écrevisses, les méthodes d’inventaires, prophylaxie)
  • La sensibilisation du grand public (site Internet, plaquettes, guide de reconnaissance des écrevisses)

RETOUR SUR QUELQUES ACTIONS…

COMMENT SAVOIR SI LES COURS D’EAU AQUITAINS SONT CONTAMINÉS PAR LA PESTE ?

LA PESTE DES ÉCREVISSES ?

La peste de l’écrevisse est une maladie foudroyante causée par un champignon qui décime massivement en quelques semaines des populations entières d’écrevisses indigènes. Elle est apparue en Italie la première fois en 1860 avec l’introduction d’écrevisses américaines et s’est propagée dans toute l’Europe. Toutes les écrevisses autochtones sont sensibles à cette maladie alors que les espèces exotiques américaines sont porteuses saines : elles n’ont aucun symptôme.

Lorsque les individus sont contaminés, ils montrent rapidement des signes de faiblesse : ils sortent de l’eau, laissent pendre leurs pinces et ne se défendent pas. Des membranes blanches apparaissent sur les yeux et les articulations puis l’écrevisse meurt.

UN SIMPLE PRÉLÈVEMENT D’UN LITRE D’EAU POUR LA DÉTECTER

En 2018, des tests ont été réalisés sur 9 cours d’eau colonisés par l’écrevisse de Louisiane situés en Gironde afin de voir si la peste de l’écrevisses peut être mise en évidence grâce à un échantillon d’eau. Des prélèvements d’un litre ont été effectués de janvier à décembre une fois par mois, sur chaque cours d’eau et congelés dans l’attente de l’analyse par le laboratoire EBI de l’Université de Poitiers.

Les résultats montrent que l’on peut retrouver de l’ADN de la peste de l’écrevisse tout au long de l’année sur 8 cours d’eau. Néanmoins, pour le mois de Janvier, la production d’ADN de la peste reste très faible voire nulle dans la plupart des cours d’eau.

Les plus forts taux d’infestation sont principalement recensés en Avril et en Mai. Le risque de contamination est donc plus élevé à cette période. Cependant, c’est durant le mois de Novembre où l’on retrouve le plus de cours d’eau infesté.

Carte des stations échantillonnées en 2018
Flacons utilisés pour les prélèvements
Cours d’eau prélevés

FORMATION AUX BONNES PRATIQUES SANITAIRES

PROPAGATION DE LA PESTE DES ÉCREVISSES

La peste de l’écrevisse peut se retrouver dans le milieu aquatique et les sédiments. L’homme peut véhiculer ces agents infectieux s’il pénètre dans l’eau, via les bottes et tout matériel entrant en contact avec le milieu contaminé (seau, épuisette, canne à pêche…). C’est ainsi que la maladie peut se retrouver sur des cours d’eau abritant des écrevisses indigènes.

COMMENT L’EVITER ?

  1. Le lavage du matériel entré au contact de l’eau, ainsi que des bottes ou chaussures de marche sans oublier les semelles, est primordial. Le PVC est recommandé pour les bottes, cuissardes ou waders car moins poreux. Les pathogènes ont moins de chance de rester piégés dans les pores de la matière.
  2. Le séchage est important. Les rayons UV du soleil permettent la destruction des pathogènes, évitant leur propagation.
Règles pour éviter la propagation de la peste de l’écrevisse

12 COURS D’EAU AQUITAINS POUR ACCUEILLIR LES POPULATIONS D’ECREVISSES MENACEES

UTILISATION DES INSECTES AQUATIQUES PRÉSENTS SUR LES COURS D’EAU A « ÉCREVISSES A PATTES BLANCHES » …

Des études récentes menées par le laboratoire EBI de l’Université de Poitiers ont montrées qu’un groupe particulier d’insectes (Ephéméroptères), dont les larves aquatiques sont très sensibles aux pollutions, pourraient constituer un groupe intéressant pour identifier les cours d’eau propices à l’écrevisse à pattes blanches en région Poitou-Charentes. En 2014, ce groupe a également été retrouvé sur les cours d’eau abritant l’espèce en Aquitaine.

Larve d’Ephémroptère

IDENTIFICATION DE 12 COURS D’EAU FAVORABLES A L’ESPECE EN AQUITAINE…

Depuis 2014, des prélèvements d’invertébrés (IBGN-DCE) sont réalisés sur des cours d’eau sans écrevisses à pattes blanches mais favorables à sa présence afin de voir si l’on retrouve les familles d’insectes sensibles aux pollutions. Le but est d’identifier et de disposer d’une banque de cours d’eau susceptibles d’accueillir des populations d’écrevisses à pattes blanches.

10 cours d’eau sans présence d’écrevisses à pattes blanches ont été mis en évidence depuis 2015 comme étant particulièrement intéressants. En 2018, 2 nouveaux cours d’eau ont été mis en évidence. Au total, trois sites sont situés en Gironde, un dans les Landes, cinq en Dordogne, trois dans les Pyrénées-Atlantiques.

 QUAND EST-IL DU REPEUPLEMENT ?

Le repeuplement peut se faire selon deux méthodes :

  • Utiliser des écrevisses issues d’élevage,
  • Utiliser des écrevisses issues de populations présentes dans la nature.

Le transfert nécessite de prendre des précautions particulières afin d’être réalisé dans les meilleures conditions. Les déplacements sans précautions préalables pourraient provoquer la destruction des populations « donneuse » notamment dans le cas où le nombre d’individus prélevés est trop important. Les populations déplacées pourraient également être impactées :

  • si des écrevisses exotiques sont présentes dans le milieu,
  • si les habitats ne sont pas suffisants pour que l’écrevisse accomplisse son cycle de vie…

Depuis le début du Programme aucun transfert n’a été réalisé en Aquitaine mais cela a déjà été mené dans les Pyrénées-Atlantiques et dans plusieurs départements français. Cependant les échecs sont nombreux. Il ressort que la sélection des sites de repeuplement à partir de la présence d’habitats favorables à l’écrevisse à pattes blanches ne permet pas d’avoir une vision globale des caractéristiques de l’eau sur une année. En effet, les différents exemples mettent en évidence que ce critère associé à l’absence d’écrevisses exotiques ne suffit pas à garantir la réussite des opérations. Les caractéristiques du milieu sur le long terme doivent être prises en compte grâce notamment à l’identification d’insectes aquatiques sensibles aux pollutions organiques. Les risques de présence de la peste ainsi que d’écrevisses exotiques doivent également être évalués par analyse de l’ADN environnemental présent dans un prélèvement d’eau.

RETROUVEZ DES INFOS SUR LA MALLETTE PÉDAGOGIQUE « GLADYS ÉCREVISSE », LA BASE DE DONNÉES ET L’ATLAS

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