vendredi 9 juin 2023

« Comment vont les poissons des cours d’eau girondins ? » ROUND 3 !

La connaissance du peuplement piscicole est une donnée incontournable pour suivre et évaluer l’évolution de la qualité de nos cours d’eau. La Fédération Départementale de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques a lancé depuis 2010 un suivi de 350 stations de référence .

En 2019, un peu plus de la moitié des stations présentaient un peuplement de poissons plutôt conforme à ce qui est normalement attendu en situation de référence (pas d’impact de l’homme).

La Pimpine
le ruisseau de la Nère (affluent du Ciron)

Le poisson comme bio-indicateur

Les poissons sont reconnus comme étant des bio-indicateurs pertinents de la qualité des milieux aquatiques. En effet, la sensibilité de certains peuplements piscicoles permette d’observer tout changement survenu dans le milieu. Les variations d’abondance, de structure de peuplement ainsi que les données de présence/absence de certaines espèces permettent de poser un diagnostic sur la qualité du milieu dans lequel vivent ces poissons (attractivité du milieu, continuité écologique, pollutions…). Le fait de suivre à long terme (tous les 5 ou 6 ans) un réseau dense de stations sur le département permet d’apprécier les éventuels changements environnementaux du milieu.

Flet sur la Pimpine
Lamproie marine sur le Ciron

Réseau d’inventaire très vaste

Entre 2007 et 2015, environ 350 stations ont été inventoriées sur les cours d’eau du département (hormis les fleuves de la Dordogne et la Garonne). Ces inventaires ont permis la réalisation de l’Atlas poisson de la Gironde et d’actualiser notamment l’état des lieux des masses d’eau dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau, clôturant ainsi le premier cycle de suivi. Depuis 2016, nos agents reviennent sur ces secteurs pour l’actualisation des données.

chevesne de la Gravouse
Barbeau fluviatile du Ballion (bassin versant du Ciron)
Brochet commun de la Barbanne

Utilisation d’indicateur de qualité

Pour permettre l’évaluation de la qualité des cours d’eaux, la Fédération utilise des indicateurs normés, tel que l’indice poisson rivière (IPR).

L’IPR permet de mesurer l’écart entre le peuplement observé sur une portion de cours d’eau, et le peuplement de référence, c’est-à-dire dans des conditions peu ou pas modifiées par l’homme. Sa valeur est répartie en 5 classes de qualité :

CLASSE DE QUALITETrès BonBonneMoyenneMédiocreMauvaise
NOTE IPR<5]5-16]]16-25]]25-36]> 36

Plus on est proche de 0, plus on se rapproche du peuplement théorique et d’un peuplement ne subissant que très peu les altérations anthropiques.

Résultats de 2019 « sauvés » par les bassins versant du Ciron, de la Livenne et la Leyre…

En 2019, ce sont donc 58 stations qui ont été inventoriées sur 12 bassins versant, impliquant 15 AAPPMA gestionnaires de ces linéaires de cours d’eau.

Localisation des stations 2019

Les cours d’eau inventoriés sont les suivants : La Livenne, le Goulor, le Chalaure, la Barbanne, le Lavié, la Gravouse, le Ciron et ses affluents, la Leyre et ses affluents et la Pimpine.

De manière globale, le graphique ci-contre présente les résultats des IPR calculés en 2019 sur  57 stations sur les 58 inventoriées. On note que 49 % des stations admettent des écarts avec le peuplement théorique (IPR moyen, médiocre et mauvais), liés très souvent à des altérations sur le milieu.

Répartition des notes IPR

Les meilleures qualités d’indices sont observées en 2019 sur des secteurs moins impactés directement par les activités humaines comme les bassins versant de la Leyre, l’amont de la Livenne ou alors le bassin versant du Ciron.

Répartition cartographique des notes IPR

A l’inverse, les qualités des peuplements sont altérées principalement sur des secteurs qui subissent certaines pressions humaines, directement ou indirectement, comme :

– les activités agricoles : la Barbanne et le Lavié

la présence d’ouvrages à la continuité écologique : le Bagéran/Lucmau, le Gouasec et le Ballion (affluents du Ciron), le Dubern (affluent de la Leyre)

– les problèmes d’étiages sévères : la Gravouse, l’amont du Goulor et du Chalaure, l’Arec (affluent du Ciron)

Larve de Lamproie marine (Leyre) identifiable par la tâche noire sur le bout de la nageoire caudale
Lamproie fluviatile (Ciron)

Petit focus sur deux espèces bien connues du grand public :

la Truite Fario…

Les inventaires de 2019 ont permis de mettre en évidence des truitelles farios issues de la reproduction de l’hiver 2018-2019. En effet, la Gironde, département peu propice pour cette espèce, possède néanmoins des cours d’eaux, pouvant produire naturellement de la truite fario. Souvent dans notre département, les conditions climatiques des périodes hivernales (forte pluviométrie, crue importante…) ne permettent pas à cette espèce de se reproduire dans nos cours d’eaux. En 2019, la faible pluviométrie de l’hiver a permis à la truite fario de se reproduire sur la Livenne, le Ferchaud, le Ciron et certains affluents de la Leyre, comme le montre l’observation d’individus de 6 à 10 cm environ.

Truitelle du Bouron (affluent de la Leyre)
Truitelle de la Livenne

… et le Brochet aquitain

Dès la découverte du brochet aquitain dans le sud-ouest de la France par le Muséum Nationale d’Histoire Naturelle (MNHN) de Paris en 2014, la Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de la Gironde a participé à l’amélioration des connaissances sur sa répartition. Pour cela, des analyses génétiques ont été réalisées sur des échantillons de nageoires prélevés sur les brochets capturés lors des inventaires. Les résultats montrent la présence du brochet aquitain (Esox aquitanicus), du brochet commun (Esox lucius) et d’hydrides de ces deux espèces dans les eaux du sud-ouest.

Différence notable de la taille du museau entre, le brochet aquitain en haut et le brochet commun en bas

La carte suivante présente la répartition de la présence des brochets à l’échelle de notre département, actualisée avec les données de 2018 (prélèvements 2019 en cours de traitement).

A noter que ces données sont confirmées au niveau génétique et/ou morphologique par M. Gael Denys (chercheur au MNHN de Paris).

On distingue un réel gradient ouest de présence du brochet au sein du département. Les bassins versant de la Leyre, du Ciron, de la Saye et des jalles/chenaux du Médoc se jettant dans l’Estuaire de Gironde, accueillent du brochet aquitain en grosse majorité.

Les bassins versants où l’on retrouve les deux espèces sont souvent des secteurs alevinés et sur lesquels il peut exister des hybridations entre les deux brochets.

Des bassins versant semblent indemnes de l’introduction du brochet commun, comme le Ciron, la jalle du Nord au niveau de St Laurent du Médoc, ou encore sur le bassin versant du Saucats…, où seul le brochet aquitain est observé.

C’est reparti pour les suivis en 2020 !!!

Pour 2020, 66 stations seront inventoriées. Les pêches débuteront en juin et s’étaleront jusqu’à mi-septembre, avec une pose au mois d’août pour ne pas perturber les poissons lors des grosses chaleurs.

Pour ceux intéressés pour assister aux inventaires, n’hésitez pas à consulter la cartographie ci-dessous et à nous contacter, ou à vous rapprocher des AAPPMA concernées !

Voir aussi

Fête de la Pêche dimanche 4 juin au bord du Ciron !