mardi 19 mars 2024

Frayères artificielles, très bons résultats 2019

Dans le but de favoriser la reproduction naturelle de certaines populations de poissons sur plusieurs plans d’eau, la Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de la Gironde a mis en place, depuis 2016, des frayères artificielles sur des plans d’eau girondins.

œufs de gardon observé sur l’étang de la Petit Font

Pourquoi des frayères artificielles ?

Les conditions naturelles de certains plans d’eau (milieux sableux, argileux…) ou leurs aménagements anthropiques et historiques (usage pour l’irrigation ou la production de granulats…) limitent parfois la diversité d’habitats favorables à la faune piscicole.

Ainsi, la mise en place de frayères présente un double intérêt :

  • biologique avec un renouvellement ou une amélioration de la reproduction naturelle des espèces dans les étangs.
  • halieutique pour la pratique de la pêche grâce à la pérennisation naturelle des populations de poissons, en essayant sur du long terme de limiter les alevinages.

Des suivis avec une caméra subaquatique

Après deux années de test plutôt concluant, la Fédération s’est de nouveau engagée en 2019 dans cette action :

– En augmentant le nombre de frayères à brandes naturelles (frayères spécifiques pour le sandre)

– En plaçant des frayères flottantes en fibre synthétique dédiées aux poissons blancs (brèmes, gardon, rotengle, …).

Frayère à brandes spécifique sandre, construction et mise à l’eau en 2019

Frayère synthétique se retrouvant en suspension dans la colonne d’eau

D’autre part un suivi de l’occupation des frayères (géniteurs, pontes, juvéniles), thermique et physico-chimique est réalisé durant toute la période de reproduction, entre les mois de mars et juin, à raison d’une fois par semaine et par site.

Pour cela, la Fédération utilise une caméra subaquatique nous permettant notamment de suivre les nombreuses frayères disposées sur les lacs de Saillans (AAPPMA du Roseau Dagueyais) et sur l’étang de la Petit Font (AAPPMA de la Perche de l’Isle).

Quelles espèces sont ciblées ?

Plusieurs espèces (carnassiers et cyprinidés) sont ciblées et présentes dans les lacs étudiés. De façon préliminaire, un inventaire piscicole avait été réalisé avec les AAPPMAs, sur ces 2 plans d’eau, afin d’orienter le choix des frayères artificielles à installer.

Nom communPériode de ponte /reproductionMode de reproductionStatut trophique et alimentationStatut biogéographique/ de protection
Sandre (SAN)Avril à mailithophileCarnassier : piscivoreExogène
Brème commune (BRE)Mai à juinlithophileOmnivore : larves d’insectes, mollusques, morceaux de végétaux. Juvéniles zooplanctonophagesIndigène
Gardon (GAR)Mai à juinPhyto-lithophileOmnivore : Polyphage* à tendance phytophage*Indigène
Rotengle (ROT)Avril à juinPhyto-lithophileOmnivore : Polyphage* à tendance phytophage* Juvéniles zooplanctonophagesIndigène
Perche commune (PER)Avril à juinPhyto-lithophileCarnassier : Piscivore et invertivore (larves insectes)Indigène

Les résultats ont mis en évidence un déficit de poissons blancs au détriment des carnassiers toujours en surdensité. Pour le bon fonctionnement biologique et écologique de ces étendues d’eau, il a donc été préférable de mettre en place des frayères pour le poisson blanc ; la satisfaction des pêcheurs locaux reposant également sur la pratique de la pêche au coup. Les inventaires ont également montré la présence de sandre dans les deux gravières. Or le substrat, peu adapté à l’espèce, ne permet pas une reproduction optimale sur les deux lacs. C’est pour cette raison que nous avons installé des frayères à brandes (1x1m) sur treillis soudés, déposés sur le fond. Pour être le plus efficace possible, nous avons réaliser la bathymétrie des plans d’eau au préalable pour connaître les secteurs les plus propices pour accueillir ces aménagements.

Résultats très positifs en 2019

Sur les deux étangs suivis en 2019, nous avons observé les mêmes tendances réparties en 4 grandes phases :

PHASE 1 : reproduction des Brèmes

Cette espèce est la première à se mettre en action de reproduction. Sa reproduction liée à la température (aux alentours de 12 °C) a été observée à partir du 16 mars. Comme la Carpe, la brème a tendance à chercher les plantes aquatiques de bordure dans lesquelles elle crée une vraie émulsion sonore et visuelle.

Œufs de brèmes retrouvées sur les frayères artificielles et également sur les herbiers de bordure. Ces œufs sont strictement blanchâtres.

PHASE 2 : reproduction des Sandres

A partir du 22 mars jusqu’au 16 avril. Cette espèce, aurait tendance à se reproduire assez tôt dans la saison (température aux alentours de 14 °C). Avec toutes nos observations, il semblerait que ce soit une brusque dépression atmosphérique qui déclencherait la ponte plutôt que la température de l’eau uniquement. Un article sur la reproduction du sandre est à venir très prochainement !

Œufs de Sandres déposés sur les brandes (Vidéos subaquatiques), avec présence du mâle défendant le nid (vidéos subaquatiques)

PHASE3 : Reproduction plus tardive des gardons et ou rotengle 

Au vu des conditions biologiques assez similaires entre le gardon et le rotengle, les deux espèces ont été regroupées. C’est à partir du 22 mai, que l’on observe des œufs sur les frayères installées. La température de l’eau (avoisinant les 20°C) reste l’élément provoquant la ponte chez ces deux espèces (plusieurs jours à 20°C)

Œufs de gardons, légèrement jaunâtres et de tailles inférieures à ceux de la Brème retrouvés également sur les frayères artificielles.

Phase 4 : Reproduction des carpes

Comme pour la brème, la carpe a tendance à se rapprocher des berges et des herbiers aquatiques (peu profonds), pour y répandre ses œufs avec une émulsion d’eau visuelle et sonore, dès les premières lueurs du jour. Au moment des premières observations d’œufs, la température de l’eau avoisine les 25°C.

Œufs de carpe légèrement plus gros en taille et de couleur strictement jaunâtre.

Le graphique ci-dessous montre l’évolution des 4 phases de reproduction des 4 espèces, en fonction de la température de l’eau (exemple de l’étang de Saillans), où des sondes thermiques sont déposées en même temps que les frayères.

C’est reparti pour 2020 !!!!

En 2020, le suivi continue sur ces deux plans d’eau avec un apport de nouvelles frayères et avec un renouvellement de la brande parfois dégradées pour certaines. Un nouveau plan d’eau sera également suivi, l’étang des Sources à Latresne, où plusieurs frayères ont été mises à l’eau au mois de février et mars 2020. Ce nouveau plan d’eau entre dans le suivi à la demande de l’AAPPMA de la Vallée de la Pimpine.

L’AAPPMA des Pêcheurs de l’Eau Bourde veut également lancer un suivi sur le lac Vert à partir de 2021. En 2020, les bathymétries du lac Vert et du lac Bleu ont été réalisées afin de mieux connaître les profondeurs de ces étangs pour les implantations des frayères en 2021 (bathymétrie bientôt disponible sur notre site internet).

Et pourquoi pas vous ?

Cette initiative de la Fédération a également pour but de promouvoir ce type d’opération auprès des AAPPMA volontaires sur les plans d’eau artificiels ou les cours d’eau fortement perturbés qu’ils ont en gestion, en respectant les préconisations des schémas directeurs de la Fédération (le Plan Départemental pour la Protection des milieux aquatiques et la Gestion des ressources piscicoles et le Schéma Départemental de Développement du Loisir Pêche).

Les bénévoles de l’AAPPMA de la Vallée de la Pimpine sont à pied d’œuvre pour la confection des frayères artificielles.

Prêt à franchir le cap ? N’attendez plus !

Si vous êtes bénévoles d’AAPPMA et que vous voulez réaliser ce type d’intervention sur votre secteur en gestion, n’hésitez pas à contacter nos services pour obtenir un conseil technique sur ce type d’installation. L’AAPPMA des Pêcheurs de l’Eau Bourde (pour le lac vert) et l’AAPPMA de Carcans nous ont contacté !

Pour l’année prochaine, dans le cadre du projet associatif lancé par la Fédération, la Fédération propose de mutualiser les moyens pour la fabrication de frayères artificielles (achat en gros et mise en place de chantier participatif avec les bénévoles d’AAPPMA).

Alors n’attendez plus et prenez contact avec le service technique de la Fédération en demandant Frédéric Lafitte, chargé d’étude piscicole à la FD33 !

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