Bilan hydrologique et thermique de l’année 2022

24.04.2023 | Actualités

Depuis 2012, la Fédération de Pêche de la Gironde réalise des suivis des niveaux d’eau et de la température sur différents cours d’eau du département. Ces mesures permettent de suivre l’évolution de ces paramètres d’année en année, et notamment de mettre en évidence l’amplitude de la sécheresse de l’année 2022, ainsi que l’impact des canicules sur la température de l’eau dans nos rivières.

Un climat très chaud et très sec en 2022

L’année 2022 a été marquée par un très fort déficit de pluie sur notre département. A l’échelle de l’année entière, c’est un déficit de 25% que l’on observe, par rapport aux valeurs médianes de ces 25 dernières années. Le déficit s’étale sur l’année entière, de janvier à décembre. Un tel déficit n’avait pas été observé depuis les années 2005 et 2011.

En noir la médiane du cumul des précipitations sur la période 1997-2022, en jaune le cumul 2023 pour comparaison. La surface marron représente le déficit de précipitations (d’après le site InfoClimat)

D’après les données Météo France ci-dessous, on constate que le déficit est assez précoce, présent dès l’hiver 2021-2022 puis très marqué au printemps, ce qui a eu un impact important sur nos cours d’eau girondins. Les principales nappes d’eau souterraines girondines présentaient ainsi des niveaux bas dès la fin du mois de mai. Elles ont ensuite très fortement baissé sur les mois de juin et juillet, et ne sont pas remontées à des niveaux normaux de toute la fin d’année (d’après les bulletins du BRGM).

Pour ce qui est des températures, l’année 2022 a été particulièrement chaude. Météo France a classé l’année 2022 comme étant l’année la plus chaude depuis 1947 dans toutes les régions du pays, mise à part l’Île-de-France. A Bordeaux les températures enregistrées ont été en moyennes supérieures de 1,8°C par rapport au normales (1991-2020).

Un étiage prolongé

Conséquence de ce climat particulièrement chaud et sec, l’étiage 2023 (période où les cours d’eau sont au plus bas) a été long et intense. Cela est particulièrement vrai sur certains cours d’eau, y compris sur des bassins versants que l’on considérait jusqu’ici comme peu impactés. Ci-dessous, l’exemple du Saucats à La Brède. Semaine après semaine, les valeurs mesurées ont été très proches des minimums observés, ou ont battu les records enregistrés. On voit qu’en 2022, les crues hivernales ont été peu importantes et que l’étiage démarre dès le mois de mars. La hauteur d’eau reste ensuite inférieure à 50cm entre juillet et fin novembre !

Malheureusement, cet étiage très marqué se poursuit en début d’année 2023, avec des niveaux extrêmement bas pour la saison en janvier et en février, en l’absence de précipitations importantes.

Le Saucats, encore très bas ici début mars 2023 !

Des températures records dans nos rivières

L’effet conjoint des canicules à répétition et des débits très faibles s’est bien fait ressentir cette année sur nos cours d’eau. Si on prend encore l’exemple du Saucats, on voit que des températures records ont été observées, notamment en mai et en juin, lors des canicules précoces (record battu de plus de 3°C pour le 18 mai). Si les températures s’approchent rarement des températures létales des poissons, des températures élevées et des débits faibles favorisent des taux d’oxygène bas, pouvant mettre en péril les espèces les plus sensibles.

Quelles projections pour 2023 ?

Après un début d’année extrêmement sec, la pluviométrie a retrouvé des valeurs normales en mars et en avril, permettant un rechargement partiel des nappes phréatiques en Gironde, d’après le dernier communiqué de presse du BRGM ci-dessous.

Les cours d’eau, en revanche, n’ont pas connu de recharge hivernale, et restent à des niveaux extrêmement bas pour la saison, laissant entrevoir une possibilité de sécheresse encore plus importante pour l’été 2023, à l’heure où les prévisions de Météo France à moyen terme sont encore incertaines.

La Fédération continue cette année ces suivis, avec pour objectif d’étendre le réseau et de mieux valoriser les données récoltées lors des comités de pilotage de la ressource en eau, pour défendre nos milieux aquatiques girondins.