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Toujours engagé dans le suivi et la connaissance des zones humides et des frayères à brochets !

16.07.2024 | Actualités, Environnement, Pêche

Depuis plus de 10 ans la Fédération de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques de la Gironde assure un rôle de connaissance et de suivi des Zones Humides pour assurer leur préservation et restauration. Si la Fédération s’intéresse tant à la préservation de ces Zones Humides c’est qu’elles servent de zones de reproduction à un grand nombre d’espèce de poissons. Et notamment au brochet, espèce emblématique de nos lacs et rivières.

Présentation des actions de la mission « Zones Humides » de la Fédération

Ces derniers mois les agents de la Fédération ont mené de nombreuses missions de terrain. Leur but : inventorier de nouvelles zones de frayère et suivre la reproduction du brochet. Ainsi de janvier à mai nous avons réalisé :

– l’inventaire de zones humides d’intérêt piscicole (frayères) le long de la rivière Dordogne.

– des recherches d’œufs et d’alevins de brochet sur des frayères sur l’Isle, la Leyre et le Chenal du Gua.

– des estimations de la productivité en brochetons sur les frayères de l’Isle, de la Leyre et du Chenal du Gua, par la pose d’enclos.

– des pêches électriques à la recherche de brochetons sur des zones humides connectées à l’Isle, à la Dronne et à la Dordogne.

– le suivi des déplacements des géniteurs de brochets lors de leur reproduction, par télémétrie, sur le canal des Etangs entre le lac de Lacanau et celui de Carcans-Hourtin.

De plus la Fédération réalise entre mi mai – début août, un inventaire et une délimitation des zones humides effectives, sur des secteurs de bassins versants déjà prospectés pour identifier les frayères à brochets.

Le bilan de nos actions de terrain

A la recherche des frayères sur la Dordogne

Nos prospections à la recherche de frayères potentielles se sont concentrées cette année autour de la Dordogne. De janvier à mars nous avons parcouru les berges et le lit majeur de la Dordogne afin d’identifier des zones propices à la reproduction de la faune piscicole et tout particulièrement favorables au brochet. Au total 31 zones de frayères potentielles ont été cartographiées et expertisées.

Photographies de 2 zones humides connectées à la Dordogne.

Des inventaires piscicoles sur les zones de frayères potentielles

Chaque année, nous réalisons des inventaires piscicoles sur des frayères potentielles déjà identifiées par les agents de la Fédération. Ces opérations ont pour objectif d’identifier la présence de juvéniles et de géniteurs de brochets et donc confirmer leur fonctionnalité. Mais aussi de recenser l’ensemble des autres espèces de poissons qui sont susceptibles d’être présentes dans ces zones humides. Pour cela nous utilisons deux méthodes d’inventaires, les captures par pêche électrique et le piégeage par l’installation de filets (verveux).

Frayère potentielle
Équipe en action de pêche électrique

En 2024, nous avons réalisé ce suivi sur une douzaine de sites répartis le long de la Dordogne, de l’Isle et de la Dronne. Finalement, des brochetons ont été capturés sur seulement 3 des zones prospectées sur l’Isle et la Dronne. Néanmoins nous avons observé une grande diversité d’espèces de poissons (17 espèces) sur l’ensemble de notre compagne d’inventaire. Nous avons notamment capturé des sandres, anguilles, perches, tanches,  gardons, rotengles et chevaines.

Cartographie des zones humides d’intérêts piscicole prospectées en pêche ( stations d’inventaires)

Parmi les sites inventoriés nous sommes allés prospecter entre autres le Bras de Carretiers sur la commune de Saint-Avit-Saint-Nazaire. Ce bras mort est une annexe hydraulique connectée à la Dordogne qui a fait l’objet d’un chantier de restauration grâce à un programme LIFE financé par l’Europe et porté par EPIDOR. D’après nos suivis réalisés ces deux dernières années ce site héberge un grand nombre d’espèce piscicole et sert de zone de reproduction et de grossissement pour beaucoup d’entre elles.

Vous trouverez deux vidéos de présentations du projet du Bras du Carretiers sur YouTube (Vidéo France 3 et Vidéo EPTP Dordogne (EPIDOR))

Schéma du projet de restauration
Photographie aérienne du Bras des Carretiers après restauration

Le suivi de la ponte des brochets et l’évaluation de la productivité des frayères

Cette année nous avons recherché la présence d’œufs ou d’alevins de brochet sur 3 sites entre janvier et mars. Ces prospections nous permettent de vérifier que les géniteurs ont bien fréquentés les frayères et d’estimer les périodes de reproduction. Nous suivons différents types de frayères  : un boisement inondé en bord de Leyre, une prairie humide au bord de l’Isle et une zone de marais sur la partie amont du chenal du Gua.

Sur chaque site nous avons trouvé des œufs et des alevins de brochets malgré des conditions de prospections rendues difficiles par la succession des crues liées aux fortes précipitations de ce début d’année. L’observation de multiples pontes de janvier à fin mars sur les frayères confirme l’attractivité des sites que nous suivons.

Prospection par raclage
Oeufs de brochet
Très jeune alevin de brochet
Prise de vue par drone de la frayère suivie sur l’Isle

A la suite du suivi de la ponte des brochets, nous installons des enclos en filet sur les frayères. Ces enclos, d’une superficie connue, nous permettent d’estimer le nombre de brochetons produit par 100 m² de frayère. Nous laissons les enclos en place pendant environs 1 mois et demi, ce qui permet aux brochetons de se développer.  Pendant ces semaines nous capturons les brochetons grâce à un système de capture passif (verveux) ainsi qu’en fin de suivi, par une pêche électrique réalisée à l’intérieur de l’enclos.

Lagune du chenal du Gua (drone)
Enclos installé

Il est ensuite possible de calculer la productivité en brochets adulte à partir du nombre de brochetons capturés. Afin d’estimer la productivité en brochet adulte (autour de 30 cm, c’est-à-dire en capacité de se reproduire), un abattement de 50% pour chaque année de vie passée jusqu’à l’âge adulte est réalisé (d’après Chancerel, 2003). Il en résulte donc un taux de survie en brochetons migrant jusqu’à l’âge adulte égal à 6,25%.

Voici les résultats que nous avons obtenus sur les sites de la Leyre, de l’Isle et du Chenal du Gua depuis le début des suivis sur chaque frayère :

Illustration des brochetons du stade juvéniles aux brochetons migrants

Tout ce travail a déjà été effectué sur les rives du lac de Carcans-Hourtin entre 2019 et 2023. Vous trouverez ici un article présentant les résultats des 5 années de suivis.

Suivi du déplacement de brochets en période de reproduction en télémétrie

En lien avec la conservation des populations de brochets et de ses zones de pontes, la Fédération a suivi, entre octobre 2023 et juin 2024, les déplacements d’une vingtaine de brochets adultes en télémétrie. Le suivi s’est déroulé sur le canal des Etangs et sur les zones de marais situées entre le lac de Lacanau et celui de Carcans Hourtin. Vous trouverez ici toutes les informations et les premiers résultats de cette étude.

La délimitation des zones humides effectives sur le bassin versant du Chenal du Gua

Enfin, dans le but de préserver les zones humides bordant le Deyre sur les communes de Vendays Montalivet et Naujac-sur-Mer, une délimitation de ces dernières a débuté depuis 2023 et se poursuit en 2024 par les agents de la Fédération.

Réalisation d’un sondage pédologique pour identifier le caractère humide