Des premiers signes d’amélioration de la qualité du peuplement piscicole de la Saye !

28.03.2022 | Actualités

Impactée par des recalibrages passés et la présence d’ouvrages infranchissables non gérés, la Saye fait l’objet depuis 2018 de travaux de restauration hydromorphologique et de la continuité écologique de grande ampleur pour améliorer son état écologique et notamment celui de son peuplement piscicole. Retour sur les travaux réalisés et sur les premiers signes d’amélioration observés en 2021 par la Fédération !

La Saye, un cours d’eau anciennement recalibré et morcelé par les ouvrages

La Saye, longue de 59 km, prend sa source en Charente-Maritime sur les communes de Donnezac et de Bussac-Forêt. Elle se jette dans l’Isle en Gironde au lieu-dit « Port de Girard» sur la commune de Galgon (cf. carte 1).

Carte 1 : bassin versant de la Saye

Comme de nombreux cours d’eau en Gironde, la Saye a connu des curages/recalibrage de grande ampleur dans les années 80. Ces travaux ont agrandi le lit de la rivière et diminué les vitesses de courant, augmentant la température de l’eau et accélérant la sédimentation du sable notamment.

De plus, de nombreux anciens moulins, aujourd’hui non utilisés et gérés, créent une succession de biefs et d’obstacles à la continuité écologique.

Ainsi l’état écologique de la Saye (basé sur des critères de nature biologiques, présence d’êtres vivants végétaux et animaux, hydromorphologique ou physico-chimiques) est mesuré comme médiocre (d’après l’état des lieux 2019).

Concernant plus particulièrement le peuplement piscicole, il est composé d’au moins 27 espèces différentes dont principalement l’anguille, le brochet aquitain, le chevesne, le gardon, le goujon, la loche franche, la perche, le vairon ou la vandoise. Les données de la Fédération et de l’OFB avant 2020 mettent en évidence un peuplement piscicole de qualité moyenne (cf. carte 2 ci-jointe) avec :

  • Des densités trop élevées en espèces piscicoles caractéristiques des eaux lentes (favorisées par les retenues des moulins notamment).
  • L’absence ou le déficit en espèces d’eaux vives attendues en l’absence de perturbation, comme le chabot ou la vandoise rostrée (en lien avec les recalibrages passés qui ont uniformisé les faciès d’écoulement et le colmatage des substrats par le sable).

D’autre part, certains migrateurs comme la lamproie marine ou la lamproie fluviatile ne sont observés qu’en faible densité ou sont absents des zones intermédiaires à l’amont de la Saye, en raison de la présence d’ouvrages infranchissables (cf. carte 3).

Carte 3 : Point sur la présence des lamproies marines et fluviatile sur la Saye avant et après 2010

Conscient de ce constat, le Syndicat Mixte d’Aménagement (SMA) de la Saye, du Galostre et du Lary mène un programme de travaux ambitieux pour améliorer l’état de leurs cours d’eau en gestion. Mais pas qu’eux !

Des travaux de restauration de grande ampleur menés depuis 2018

Depuis 2018 notamment, de nombreux travaux ambitieux sont menés de l’amont à l’aval sur le bassin versant de la Saye (cf. carte 4).

En 2018, ce sont 2 ouvrages qui sont tout d’abord effacés à l’amont de la Saye par le Syndicat : le barrage de l’étang de la Baraque et le moulin de Bernon.

En parallèle, la société LISEA (gestionnaire de la ligne grande vitesse Tours-Bordeaux), dans le cadre des mesures compensatoires dues après les travaux, a réalisé des travaux de restauration hydromorphologique par la mise en place de banquettes minérales sur près de 300 m de linéaire de la Saye au niveau du lieu-dit Caillon.

Ces aménagements permettent ainsi de resserrer le lit du cours d’eau (élargi par les travaux historiques de recalibrage) et par conséquence de diversifier les écoulements en créant une succession de zones de radier/mouille. De plus les granulats apportés permettent d’offrir des zones de reproduction pour les espèces d’eaux vives comme la vandoise rostrée…

En 2019, c’est ensuite au tour du Moulin de Grimard, second ouvrage bloquant depuis l’aval, d’être équipé d’une passe à bassin pour permettre le franchissement du barrage par les poissons (travaux menés dans le cadre des mesures compensatoires de la LGV Tours-Bordeaux).

Passe à bassin du moulin de Grimard

En 2020, c’est le Moulin de Beaumont, le premier ouvrage bloquant depuis la confluence de la Saye dans l’Isle qui est équipé d’une passe à bassin, toujours dans le cadre de ces mesures compensatoires.

Passe à bassin du moulin de Beaumont

Ainsi tout au long et bien avant la réalisation de ces aménagements, la Fédération a suivi l’état du peuplement piscicole. Retour sur les principales évolutions en cours !

Des suivis des peuplements piscicoles qui montrent un début d’amélioration !

Grâce au réseau de pêches scientifiques de la Fédération, le suivi de l’état des peuplements piscicoles sur la Saye est possible. Il peut ainsi permettre d’évaluer l’effet direct de certains travaux d’aménagement sur les poissons.

Ainsi on observe globalement sur la Saye une amélioration de l’état des peuplements piscicoles (cf. carte 5) :

  • Avec un état qui passe de moyen en 2016-2018 à bon en 2021 sur la partie aval et intermédiaire
  • Un état qui passe de médiocre à moyen sur l’amont de la Saye (en aval de l’ancien ouvrage de l’étang de la Baraque à St Yzan de Soudiac, effacé en 2018).
Carte 5 : évolution de l’état des peuplements de poissons sur la Saye entre 2010 et 2021 (à partir de l’Indice Poisson Rivière)

Au niveau des espèces, l’observation de plus de 20 chabots âgés de plus d’un an en 2021 sur la Saye à l’aval de l’ancien ouvrage de l’étang de la Baraque (contacté sporadiquement sur la Saye en 2017 au niveau du moulin de Charlot et uniquement sur son affluent le Meudon), témoigne sans aucun doute d’une amélioration franche de l’habitat et de son attractivité pour cette espèce.

Sur le secteur aval, entre Beaumont, Caillon et Grimard, ayant bénéficié de travaux de restauration de la continuité écologique et hydromorphologique :

  • L’amélioration de la progression des migrateurs sur l’amont de la Saye n’est pas encore notée, à l’exception d’une augmentation de la densité d’anguille sur le secteur de Caillon. L’espèce semble trouver un habitat favorable au niveau des banquettes minérales. De plus sur ce dernier, la vandoise rostrée, espèces d’eaux vives, est observée sur ce secteur et la densité en espèces d’eaux lentes (gardons) diminue, signes d’une amélioration de la diversité des écoulements et des habitats.
  • Une amélioration de l’état global des peuplements situés en aval des anciens ouvrages bloquant est constatée, avec une baisse des densités de certaines espèces d’eaux lentes (gardons ou chevesne) et tolérantes à des conditions physico-chimiques difficiles (forte température et faible oxygène), comme la perche soleil et le pseudorasbora.

Et ces premiers indices sensibles d’amélioration devraient se poursuivre ! En effet le Syndicat poursuit ces travaux avec la création de nouvelles banquettes minérales sur 600 m de long. Ils vont être menés d’ici cet automne sur le secteur de Marcenais en amont du moulin Borgne, entre les lieux-dit la Croix de Charlot et la Jonquille (cf. carte 4). Et la Fédération suit ça de près !

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