Frayères artificielles, toujours de bons résultats en 2021 et nouveaux projets pour 2022

Après une phase de rodage de 2 à 3 ans, la Fédération de pêche en soutien des Associations locales de pêche, installe des frayères artificielles sur des plans d’eaux du département.

Un projet qui porte ses fruits et qui donne de nouvelles idées !!

La mise en place de frayères présente un double intérêt, biologique d’une part avec un renouvellement ou une amélioration de la reproduction naturelle des espèces dans les étangs, et halieutique, pour la pratique de la pêche grâce à la pérennisation naturelle des populations de poissons, en essayant sur du long terme de limiter les alevinages.

Les suivis sont réalisés une fois par semaine sur chaque plan d’eau dans la période allant de février à juillet. Les suivis se font par caméra subaquatique, pour l’espèce « sandre », et visuelle pour les cyprinidés (Gardon, Brème et carpe).

Lors de chaque suivi, de nombreux paramètres sont suivis :

• La température de l’eau enregistrée toutes les deux heures durant tout le suivi à l’aide de sonde thermique. Ce facteur est très important chez la plupart des espèces pour le processus de reproduction,
• La turbidité, qui peut avoir une influence sur la fréquentation des espèces sur les frayères (luminosité), mesurée à l’aide d’un disque de secchi (photo).

• Les variations des hauteurs d’eaux (appelé marnage) lors des différents suivis,
• La pression atmosphérique qui joue un rôle prépondérant sur la reproduction du sandre.

Pour l’année 2021, cinq plans d’eaux ont été suivis :

• Étang de Latresne (2^ère année),
• Etang de la Chataignère (1^ère année)
• Lac vert à Canéjan (1^ère année de suivi)
• Étang de Saillans (3^ème année de suivi),
• Étang de la Petit Font (3^ème année de suivi)

Pour chacun d’entre eux, nous avons réalisé des apports de 2 types de frayères artificielles :

• Panneau de brande (1×1 m) lesté (dont la durée de vie est de 3 ans environ) que l’on place dans des hauteurs d’eau avoisinant les 2 à 3 m. Ces frayères à brande de pins peuvent être utilisées par différentes espèces suivant leur disposition dans la colonne d’eau ou sur le fond :
  • • • Pour cibler l’espèce sandre, les frayères sont lestées avec du treillis soudé et sont déposés sur le sédiment.
      • Pour cibler des espèces de type gardon, brème ou rotengle, ces brandes sont déposées dans la colonne d’eau en mode « Pyramidal ». La brande peut donc être utilisée soit par les géniteurs pour la reproduction, soit par les alevins ou juvéniles de poissons pour se cacher des éventuels prédateurs.

• Frayère dite « synthétique » qui sont des brins en suspension dans la colonne d’eau (flotteur + plomb) qui permette d’avoir un support de ponte appréciable par les poissons blancs et les carpes.

Le tableau ci-dessous présente le nombre de dispositifs installés sur chaque plan d’eau avec les dates de pose :

Un total de 46 frayères ont été déposées sur l’ensemble des étangs pour 2021.

Résultats globaux intéressants en 2021 sauf pour l’espèce brochet

Le tableau suivant présente les résultats 2021 par plan d’eau, avec les taux d’occupation (géniteurs + ponte + œufs observés) pour les espèces ciblées :

>> Pour le brochet : Efficacité 0%

Par rapport à 2020, les frayères synthétiques ont été installées plus tôt dans la saison (3 janvier 2021), afin de savoir si cette espèce peut utiliser ce type de frayère flottante dans la colonne d’eau. Sur les trois plans d’eaux, où l’on retrouve cette espèce aucun résultat n’est observé en 2021.

Conclusion : Après deux années d’essai, il semblerait que ce type de support, flottant dans la colonne d’eau ne soit pas attirant pour les reproducteurs préférant les herbiers dans très peu d’eau sur une surface plane de plusieurs m².

>> Pour le sandre => reproduction observée sur 2 des 4 plans d’eaux suivis : Efficacité 50%

L’occupation des frayères à sandres est de 100 % sur l’étang de la Petit Font et sur celui de Saillans. La reproduction sur les deux sites s’est globalement réalisée début mars (entre le 2 et 6 mars) jusqu’à mi-avril environ (à partir du 20 avril quelques sandres zonés sur le secteur sans aucune ponte ni agressivité observée des mâles sur le nid).

Sur toute la période de ponte, la température a évolué de 3 °C, passant de 12 à 15°C… Néanmoins, chaque dépression ou anticyclone semble avoir provoqué la ponte…

Sur l’étang de la Chataignère, historiquement, le sandre était présent sur le lac. Les résultats décevant de cette année (aucune observation) remettent en cause la présence de l’espèce. A suivre en 2022.

Pour le lac de Carcans, c’est le même constat, aucune observation sur les frayères. Les eaux claires (frayères déposées au milieu du lac dans des zones à 2,5 et 2,80 m de profondeur) n’ont peut-être pas attirées l’espèce sur ces secteurs. Ne baissons pas les bras pour 2022, d’autres frayères seront déposées dans des zones plus profondes…  Affaire à suivre en 2022

>> La brème => reproduction observée sur 5 des 5 plans d’eaux suivis : efficacité 100%

Première espèce observée sur les frayères artificielles flottantes et brandes pyramidales. Les premiers œufs sont notés vers le 26 février 2021.

La brème pond de nombreux œufs par kilo, d’où une quantité impressionnante pouvant être déposée sur les brins de frayères flottantes.

Sa ponte est liée à la température (12°C) qui doit être stable durant au moins de 3 à 5 jours, et accompagnée d’une météo ensoleillée pendant quelques jours consécutifs.

>> Le gardon et le rotengle => reproduction observée sur 3 des 3 plans d’eaux suivis :

La ponte du gardon reste assez étalée sur le temps et les premiers œufs ont été observés début avril jusqu’à une dernière ponte vers les premiers jours du mois de mai 2021.

La température préférentielle est plus élevée que pour la brème (environ 18 – 20 °C).

En 2021, les pontes sont observées au moment d’une montée brutale de la température qui est l’élément primordial pour la reproduction de l’espèce. Contrairement à la Brème, ils n’ont pas besoin d’avoir plusieurs jours ensoleillés pour pondre (1 ère ponte observée durant une semaine de pluie).

>> La carpe => reproduction observée sur 3 des 3 plans d’eaux suivis :

• Espèce la plus tardive à se mettre en action, avec une reproduction qui débute début juin.
• Sa reproduction est étroitement liée à la température de l’eau (> 25 °C). Tout comme les autres cyprinidés, il lui faut également plusieurs jours à une température constante pour déclencher la ponte.
• La ponte s’est étalée jusqu’au 1er juillet (dernière observation d’œufs).

Le graphique ci-dessous, retranscrit les différentes données étalées dans le temps :

Les suivis prévus en 2022

Pour 2022, plusieurs projets vont voir le jour, et les premières bases des projets de 2023 vont être lancés avec :

• Les suivis des plans d’eaux de Saillans, de la Chataignère et de la Petit Font.
• Le suivi des frayères artificielles en brandes (pyramidale) sur le Lac vert de Canéjan (pour cibler les cyprinidés) avec l’AAPPMA des Pêcheurs de l’Eau Bourde.
• La mise en place de frayères flottantes sur l’étang de l’Arbalestrier à Pineuilh (AAPPMA de la Gaule Foyenne).
• Pose de dispositifs flottants et brandes destinées aux sandres sur le lac des 5 chemins à Abzac (AAPPMA des pêcheurs Abzacais), sur l’étang des Dagueys à Libourne et sur le lac d’Ambès (en partenariat avec les Mairies).

Prêt à franchir le cap, n’attendez plus !

Cette initiative de la Fédération a également pour but de promouvoir ce type d’opération auprès des AAPPMAs volontaires sur d’autres plans d’eaux ou les cours d’eau fortement perturbés qu’ils ont en gestion, en respectant les préconisations des schémas directeurs de la Fédération (le Plan Départemental pour la Protection des milieux aquatiques et la Gestion des ressources piscicoles et le Schéma Départemental de Développement du Loisir Pêche).

Si vous êtes bénévoles d’AAPPMA et que vous voulez réaliser ce type d’intervention sur votre secteur de gestion, n’hésitez pas à contacter nos services pour obtenir un conseil technique sur ce type d’installation.

Pour 2023, dans le cadre du projet associatif lancé par la Fédération, les moyens pourront être mutualisés pour la fabrication de frayères artificielles (achat en gros et mise en place de chantier participatif avec les bénévoles d’AAPPMA).

Alors n’attendez plus et prenez contact avec le service technique de la Fédération ou rapprochez-vous de Frédéric Lafitte, chargé d’étude piscicole.

Pour 2023, une réflexion est d’ores et déjà entamé pour agir sur le Dropt !