Depuis bientôt une dizaine d’année, la FDAAPPMA33 suit les niveaux d’eau sur 6 cours d’eau en Gironde. Nous densifions aussi notre réseau de suivi de la thermie depuis deux ans, avec 18 stations en 2023. Cela permet notamment d’évaluer l’impact du changement climatique sur nos cours d’eau. Après une année 2022 particulièrement marquée par la sécheresse et les incendies qui en ont résulté, qu’en est-il de l’année 2023 ?
Carte des stations
Carte des stations suivies par la Fédération pour les niveaux d’eau et la thermie (en bleu) ou seulement pour la thermie (en orange)
Bilan météorologique 2023
A l’échelle de la Gironde, l’année a été pluvieuse. En effet, à part deux périodes particulièrement sèches autour de février et d’octobre, le département a régulièrement été arrosé, y compris en été par des orages réguliers. Sur l’année, la pluviométrie est même excédentaire de 47% quand on compare aux 25 dernières années. On remarque cependant que la majorité de cet excédent est tombé après le 1er novembre, avec des quantités record en fin d’année.
Cependant, au 1er janvier 2023, la Gironde sortait d’une sécheresse particulièrement intense tout au long de l’année 2022. Aussi, si on met les deux années bout à bout, le département est resté continuellement en déficit pluviométrique entre le 15 janvier 2022 et le 1ernovembre 2023 !
En ce qui concerne les températures, l’année 2023 a été une année chaude, la seconde plus chaude sur le pays derrière 2022, avec des moyennes très similaires. L’année 2023 bat cependant des records sur la fin d’été, avec des épisodes de canicule très tardifs, les températures de « Aout-Septembre-Octobre » étant les plus hautes jamais enregistrées à une telle période de l’année, et alors même que les débits de nos cours d’eau étaient très faibles.
Niveaux d’eau et étiage en 2023
Les niveaux d’eau sont restés très bas sur l’ensemble de l’année 2023, jusqu’aux pluies de novembre, où des crues de grande ampleur ont été observées sur tout le département.
L’intensité de l’étiage est assez comparable à l’année 2022, dans le sens où des niveaux assez bas ont été atteints, et ce pendant un temps très long. En effet une période hivernale remarquablement sèche entre le 20 janvier et le 20 février (aucune pluie sur l’ensemble de la Gironde) a fortement limité la recharge hivernale de nos cours d’eau, qui avaient déjà terminé l’année 2022 avec des niveaux très bas. Cependant en 2023, le printemps a été plus pluvieux que la moyenne, alors que la fin d’été et le début d’automne ont été particulièrement secs. De manière générale, l’étiage sur les cours d’eau que nous suivons s’est donc étalé de la mi-mai à fin octobre.
Ci-dessous l’exemple du Saucats, qui fait partie des cours d’eau que nous suivons ayant le régime hydrologique le plus « naturel ». On constate que de janvier à octobre, le niveau est très inférieur aux moyennes observées entre 2012 et 2021, et très proche de celui de 2022, année de sécheresse historique. En revanche des records ont été battus en fin d’année, avec des niveaux jamais atteints depuis le début des observations à ces dates.
Températures de l’eau en 2023
La canicule tardive de la fin août a cette année eu un impact très marqué sur nos cours d’eau, qui étaient d’autant plus sensibles que leur niveau était très bas à cette époque. De nombreux records de température ont été battus à cette période, entrainant des difficultés pour la faune aquatique. En effet les analyses physico-chimiques réalisées cet été montrent une forte diminution de l’oxygène dans l’eau, provoquée par le réchauffement brutal de celle-ci.
Début d’année 2024
Avec les précipitations record de la fin 2023 et une pluviométrie légèrement excédentaire jusqu’à ce jour en 2024, nos cours d’eau girondins ont profité d’une très bonne recharge hivernale, atteignant des niveaux plus vus depuis de très nombreux mois. Les sols et les nappes phréatiques superficielles ont aussi très largement capté une partie de cette eau, et seront à même d’en restituer une partie ce printemps afin, espérons-le, de limiter les assecs cet été. En effet, même si le constat est positif en sortie d’hiver, Météo France annonce pour l’instant un printemps probablement plus chaud que la moyenne, et ne se prononce pas sur les volumes de précipitations à venir.