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« Comment vont les poissons des cours d’eaux girondins ? » ROUND 4 !

22.02.2023 | Actualités

La connaissance du peuplement piscicole est une donnée incontournable pour suivre et évaluer l’évolution de la qualité de nos cours d’eau. La Fédération Départementale de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de la Gironde a lancé depuis 2010 un suivi de 350 stations de référence .

En 2022, plus de la moitié des stations présentaient un peuplement de poissons plutôt conforme à ce qui est normalement attendu en situation de référence (pas d’impact de l’Homme), sur les bassins versants de la Leyre et du Ciron.

Le Ciron à St-Michel de Castelnau
Le ruisseau du Lacanau

Le poisson comme bio-indicateur

Les poissons sont reconnus comme étant des bio-indicateurs pertinents de la qualité des milieux aquatiques. En effet, la sensibilité de certains peuplements piscicoles permet d’observer tout changement survenu dans le milieu. Les variations d’abondance, de structure de peuplement ainsi que les données de présence/absence de certaines espèces renseignent sur la qualité du milieu dans lequel elles évoluent. Le fait de suivre sur le long terme (tous les 6 ans), un réseau dense de stations sur le département permet d’apprécier les éventuels changements environnementaux qui surviennent dans le milieu (notamment les problèmes liés à l’attractivité de ce dernier, de continuité écologique, pollutions divers ou encore assecs).

Lamproie marine sur le Ciron (Preignac)
Goujon sur la Gravouse (Les Lèves-et-Thoumeyragues)

Un réseau d’inventaires très vaste

Entre 2007 et 2015, environ 350 stations ont été inventoriées sur les cours d’eau du département (à l’exception des fleuves Dordogne et Garonne). Ces inventaires ont permis la réalisation de l’Atlas des poissons de la Gironde et d’actualiser également l’état des lieux des masses d’eau. Clôturant le premier cycle de suivi, ce diagnostic se réalise dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau et est suivi par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne. Depuis 2016 et jusqu’en 2022, nos agents reviennent sur ces secteurs afin d’actualiser les données. L’année 2023 sera celle du troisième cycle.

Utilisation d’indicateur de qualité du milieu

Pour permettre l’évaluation de la qualité des cours d’eau, la Fédération utilise des indicateurs normés, tel que l’indice poisson rivière (IPR).

L’IPR permet de mesurer l’écart entre le peuplement observé sur une portion de cours d’eau, et le peuplement de référence, c’est-à-dire dans des conditions peu ou pas modifiées par l’homme. Sa valeur est répartie en 5 classes de qualité :

CLASSE DE QUALITETrès BonBonneMoyenneMédiocreMauvaise
NOTE IPR<5]5-16]]16-25]]25-36]> 36

Plus on est proche de 0, plus on se rapproche du peuplement théorique et d’un peuplement ne subissant que très peu d’altérations anthropiques.

Des résultats 2022, « sauvés » par les bassins versants du Ciron, et de la Leyre…

En 2022, ce sont donc 70 stations qui ont été inventoriées sur 12 bassins versants, impliquant 15 AAPPMA gestionnaires de ces linéaires de cours d’eau.

Les cours d’eau inventoriés sont les suivants : La Gravouse, le Chalaure, la Barbanne, l’Isle, Le Ciron et ses affluents, la Leyre et ses affluents et la Laurina

Localisation des stations 2022 des deux réseaux, celui de l’Agence pour le suivi qualité des masses d’eau, et le réseau PDPG, pour le suivi complémentaire

De manière globale, le graphique ci-contre présente les résultats des IPR calculés en 2022 de 65 stations sur les 70 inventoriées (en effet certaines caractéristiques d’une station ne permettaient pas de calculer l’indice IPR). On note que 42 % des stations admettent des écarts avec le peuplement théorique (IPR moyen, médiocre et mauvais), liés très souvent à des altérations sur le milieu

Répartition des notes IPR

Si l’on compare les IPR des stations 2022, avec les anciens IPRs des mêmes stations réalisés quelques années auparavant, on distingue que très peu de changement :

  • 75 % n’ont pas changé de qualité d’IPR
  • 15 % se sont détériorés
  • 10 % se sont améliorés

Ces statistiques, montrent qu’il existe encore des marges de manœuvre importantes quant à l’atteinte du bon état piscicole sur l’ensemble des contextes.

Sur la cartographie suivante, on constate que les cours d’eau comme la Leyre et le Ciron, cours d’eau relativement naturel le long de leur linéaire sont relativement épargnés par les mauvaises notes de qualité.

Répartition cartographique des notes IPR

>> Petit focus sur une espèce méconnue, la vandoise rostrée

Espèce méconnue de la plupart des pêcheurs, la vandoise rostrée ressemble fortement au chevesne (ou cabot). La différence peut parfois être difficile mais sur les gros spécimens (taille supérieure à 12 cm), la forme de la nageoire anale permet la distinction, tout comme l’épaisseur des lèvres.

La vandoise rostrée est une espèce polluo-sensible et donc exigeante en termes d’habitats. Elle constitue donc un bon indicateur de la qualité de l’eau et du milieu. La cartographie suivante montre l’aire de répartition et l’évolution de sa présence depuis les années 80 sur notre département. Les densités de présence, évaluées en nombre d’individus pour 100 m² de cours d’eau ne dépassent pas les 28 vandoises pour les secteurs les plus prolifiques sur ces dernières années.

On la retrouve sur des axes très courantogènes comme la Leyre et le Ciron, où elle était moins présente entre les années 2000 et 2015. A contrario, on la retrouve un peu moins sur les axes Gât mort, Eau Blanche et Saucats. La Livenne ou encore la Saye présente des données intéressantes uniquement depuis les années 2000.

Cependant la vandoise rostrée est moins observée dans le Médoc et l’Entre deux Mers (Dropt), avec uniquement des données sur l’Engranne et sur l’axe Dordogne. Les perturbations anthropiques (qualité de l’eau et la réduction des zones courantogènes par la segmentation des cours d’eau) en sont, sans aucun doute la cause. Preuve en est, les axes où d’importants travaux de restauration de la continuité écologique ont été engagés, la répartition de l’espèce a été améliorée.

C’est reparti pour les suivis en 2023 !!!

Pour 2023, 68 stations seront inventoriées. Les pêches débuteront fin mai et s’étaleront jusqu’à mi-octobre, avec une pose au mois d’août pour ne pas perturber les poissons lors des grosses chaleurs.

Pour celles et ceux qui seraient intéressés par nos inventaires sur le terrain (cf. carte de répartition des stations ci-dessous), n’hésitez pas à nous contacter, ou à vous rapprocher des AAPPMA concernées !

Cartographie des inventaires piscicoles en 2023